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 Sida au maghreb: le silence tue aussi

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2 participants
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Irma
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Irma


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Localisation : Paris,Alger
Date d'inscription : 20/03/2006

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MessageSujet: Sida au maghreb: le silence tue aussi   Sida au maghreb: le silence tue aussi EmptyVen 31 Mar - 0:18

Sida au maghreb: le silence tue aussi


Comparés à ceux des pays subsahariens, les taux de prévalence dans la région sont modestes. Pour l’instant. Car, avec les tabous pesant sur les questions sexuelles, on peut craindre une explosion prochaine du nombre de contaminations.
« La question du sida est taboue chez nous, car elle est directement liée au sexe », explique l’Algérienne Zohira Merrah, contaminée par son mari et fondatrice de la seule association de séropositifs au Maghreb. « Quand je suis tombée malade, il y a sept ans, se souvient-elle, même les médecins ignoraient ce que j’avais. » En 1998, elle fonde El-Hayet pour tenter de briser l’interdit qui pèse sur ce sujet de Tunis à Rabat. « Le silence qui entoure cette maladie est criminel », dénonce la présidente marocaine de l’Organisation panafricaine de lutte contre le sida, Nadia Bezad.

Certes, les pays nord-africains peuvent se targuer de taux de prévalence moyens estimés à 0,3 %, ce qui est dérisoire comparé aux 9 % de leurs voisins subsahariens. « Les maigres données de surveillance disponibles portent à croire que des flambées graves ont échappé à la vigilance », nuance l’Onusida dans son rapport 2003. Cet organisme estime que plus de 13 000 Algériens et autant de Marocains sont contaminés. Combien de Tunisiens ? Selon certaines estimations officieuses, plusieurs milliers de personnes seraient concernées.

Vous avez dit refoulement ? « Cette maladie renvoie à trop de choses innommables en terre musulmane », affirme Djawad Guerroudj, volontaire de Médecins du monde en Algérie. Ces filles en jupe courte qui hantent les discothèques pour touristes, ces hommes qui se faufilent par deux au milieu de la foule aussi discrètement que possible et ces naufragés qui se piquent l’avant-bras planqués au bout d’un terrain vague font partie du paysage. On les voit, mais ils ne cadrent pas avec le minaret qui se détache sur fond de ciel ocre à l’heure où retentit la voix du muezzin. On les tolère. À condition qu’ils cachent leurs débauches présumées et meurent en silence. Les gros titres de la presse supposée progressiste en disent long. « Qui protège Casablanca du terrorisme du sida ? » s’interrogeait le quotidien marocain Al-Ittihad Al-Ichtiraki en août 2003.

Abdessamad Dialmy, enseignant à l’université de Fès et auteur du rapport « Jeunesse, sida et islam au Maroc » (2000), souhaiterait que les questions sexuelles quittent le champ coranique pour intégrer celui de la morale civile. « Nos imams inculquent aux gens que le sida est un châtiment divin, explique ce professeur. Les jeunes Maghrébins entrent dans une phase de relative libération sexuelle, et nos oulémas tentent de préserver une morale religieuse par la peur. » Ce sociologue oppose « l’islam figé » à ce qu’il appelle « l’islam éclairé » pratiqué par les imams européens. Et de citer en exemple Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, qui recommande l’abstinence, mais prône le préservatif en dernier recours. Ce n’est donc pas dans le Coran qu’il faut chercher la clé de ce déni collectif du sida, mais dans la lecture qui en est faite.

Au Maroc, 1 187 cas de sida ont été officiellement déclarés au ministère de la Santé depuis le début de l’épidémie. Selon les estimations du même ministère, plus de 20 000 personnes seraient actuellement porteuses du virus. Au rythme de milliers de nouvelles contaminations tous les ans, on frôlerait les 30 000 cas, selon les plus pessimistes. Le professeur Hakima Himmich, responsable du service des maladies infectieuses de l’hôpital Averroès de Casablanca, a fondé l’Association marocaine de lutte contre le sida (ALCS) en 1988. Reconnue d’utilité publique en 1993, l’ALCS compte aujourd’hui onze agences réparties sur tout le territoire et sept centres d’information et de dépistage anonyme et gratuit. Le ministère de la Santé a mis sur pied en 2002 un ambitieux Programme national

de lutte contre le sida (PNLS). Ce qui a permis au royaume de recevoir l’aide financière du Fonds mondial de lutte contre le sida (ONU).

Sur le front des génériques (molécules identiques aux médicaments protégés par un brevet), la politique nationale a porté ses fruits. Le coût par patient et par mois du traitement par trithérapie est tombé de 12 000 à 2 000 dirhams (de 1 086 à 181 euros) en moins de trois ans. Exception dans le paysage maghrébin, une ligne Info sida a été mise en place en décembre 2002. Dans la sécurité de l’anonymat, des milliers de personnes ont appelé de tous les coins du royaume, et 500 personnes continuent de téléphoner en moyenne chaque mois.

Mais des efforts restent à faire. L’essentiel des moyens est concentré à Casablanca, ce qui oblige les malades vivant ailleurs (dont les 5 % à 10 % habitant en zone rurale) à se déplacer. Impossible également pour les associations de distribuer des préservatifs dans les lycées. « Les médecins ne sont pas assez formés, et les tests de dépistage pas accessibles partout », déplore le directeur des programmes de prévention de l’ALCS, Amin Boushaba. Les médias, qui « traitent le sujet une fois par an, le 1er décembre », pour la Journée mondiale contre le sida, sont également dans son collimateur. Dix ans après la première émission de la télévision marocaine, la donne médiatique n’a guère changé. Ce que les associations dénoncent avec le plus de vigueur est l’accord de libre-échange que s’apprêtent à signer Rabat et Washington, qui forcerait, selon elles, le Maroc à acheter des princeps (médicaments brevetés). « Si le royaume signe, c’est la mort de l’industrie du médicament générique marocain », affirme Hakima Himmich, dont l’association a organisé le 28 janvier une manifestation devant le Parlement marocain.

Le chercheur Kamel Sanadji tente d’implanter près d’Alger un laboratoire de fabrication de génériques. « On nous met des bâtons administratifs dans les roues, explique ce spécialiste. Le puissant lobby des importateurs de médicaments s’oppose au développement d’une industrie locale de production pharmaceutique. » Zohira Merrah, fondatrice de l’association El-Hayet, se souvient du scandale provoqué sur les ondes radio par l’annonce de la naissance de son collectif de malades. C’était en 1998. « La même année, l’Institut national de la santé publique mettait sur pied un Comité national de lutte contre le sida », se souvient Zohira. Reste que les ruptures de stocks de médicaments sont courantes, que se procurer un préservatif est souvent mission impossible et que les malades qui ont la chance de bénéficier d’un traitement doivent venir dans la capitale pour le recevoir.

Les 6 millions de dollars octroyés au pays par le Fonds mondial en novembre ne seront pas de trop pour redresser la barre. Pour l’heure, ce sont les solidarités familiales internationales qui permettent aux malades de recevoir les traitements qui les feront vivre. « Nous organisons des collectes de médicaments au cas par cas auprès de nos partenaires médicaux français, explique le président de l’association parisienne Migrants contre le sida, Reda Sadki. Nous envoyons ensuite ces médicaments dans nos pays d’origine. » Pour un malade sous traitement, la rupture de stocks signifie la mort assurée en quelques mois.

La presse algérienne est également sur le banc des accusés. « Un spot publicitaire abordant la question a été tourné l’an dernier, explique Zohira Merrah. Il n’a jamais été diffusé. » Pourtant, comme le révèle un sondage réalisé en 2000 par la Fondation algérienne pour la promotion de la santé, la moitié des Algériens ignorent la maladie et ses modes de transmission. Résultat, personne ne se protège. À Tamanrasset, deux études menées auprès de femmes enceintes et de militaires ont révélé des taux de prévalence de 1 %. « Cette ville est un foyer important de contamination en raison de la prostitution et du passage, reconnaît le volontaire de Médecins du monde Djawad Guerroudj. Mais avec l’extension de la prostitution au reste du pays et les problèmes sociaux, je pense que beaucoup d’autres villes sont concernées. »

Qu’elles hantent les bouges de Tamanrasset ou les palaces des grandes villes tunisiennes, ces jeunes filles à la démarche exagérément chaloupée sont toutes menacées par le VIH. Comme leurs compagnons de galère carburant à la poudre blanche. L’Onusida relève que « l’augmentation des cas de contamination chez les consommateurs de drogues injectables est préoccupante », notamment en Algérie et en Tunisie.

« En Tunisie comme partout dans le monde, nous avons un programme national de lutte contre le sida », affirme le professeur Ridha Kamoun, président de la très officielle Association tunisienne de lutte contre le sida (ATLS). Les assurés sociaux peuvent se réjouir de la gratuité du traitement par trithérapie, mais leur sang est sous haute surveillance. « Le nom de toute personne dépistée positive remonte au ministère de la Santé, explique Ridha Kamoun. Le ministère de l’Intérieur est prévenu et enquête auprès des proches du malade. » En dépistant les partenaires sexuels de chaque nouveau malade, les autorités sanitaires espèrent retrouver tous les porteurs tunisiens du virus et contenir l’épidémie. Cela refroidit même les ONG internationales. « On a essayé de travailler avec Alger et Tunis, explique Alim el-Gaddari, du service des actions internationales de Sida info service. Mais les fichiers nominatifs sont incompatibles avec nos pratiques. » L’inauguration du premier centre tunisien de dépistage anonyme et gratuit est une question de semaine, assure le président de l’ATLS.

« Même les activités les plus élémentaires comme la promotion du préservatif sont en grande partie absentes » des pays maghrébins, indique l’Onusida. « Les gens se croient protégés par leur morale coranique, explique Zohira Merrah. Pourtant, et mon histoire le prouve, nous sommes tous concernés. »

Intégrer des cours sur les maladies sexuellement transmissibles dans les programmes scolaires serait plus efficace que ce sursaut médiatique isolé du 1er décembre. Les jeunes, qui sont la force de travail de demain, sont les premières victimes d’une maladie dont personne n’ose vraiment parler. La Banque mondiale a calculé le prix de l’inaction des gouvernements maghrébins dans un rapport publié en novembre 2003. Cet immobilisme pourrait coûter chaque année plus d’un tiers de leur PIB d’ici à 2025. « Si les gouvernements maghrébins veulent de vrais programmes de lutte contre le sida, prévient

Oussama Tawil, responsable régional de l’Onusida au Maghreb, ils ne pourront pas faire l’économie d’un débat public sur la place de la sexualité dans la société. »

Neijma Hamdaoui

Jeune Afrique/L'intelligent

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MessageSujet: Re: Sida au maghreb: le silence tue aussi   Sida au maghreb: le silence tue aussi EmptySam 1 Avr - 15:48

Irma a écrit:
... « La question du sida est taboue chez nous, car elle est directement liée au sexe »...

C est a nos, les jeunes, de bannir rigoureusement ce tabou a caractere moural et non pas religieux, avec pudeur et respect... bien entendu...
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Irma
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Irma


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MessageSujet: Re: Sida au maghreb: le silence tue aussi   Sida au maghreb: le silence tue aussi EmptyDim 2 Avr - 20:27

et ta une idée ou une directive pr ça !! ?
je suis à ton écoute Wink
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jawadmaddouch
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MessageSujet: Re: Sida au maghreb: le silence tue aussi   Sida au maghreb: le silence tue aussi EmptyLun 3 Avr - 0:02

Ben au moins chaque personne doit avoir la volonte de faire ses obligations dans un premier temps (le maximum d excellence possible) ainsi on va cueillir des bons fruits et non pas seulement des fruits... Wink Wink ..que dis tu ??
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MessageSujet: Re: Sida au maghreb: le silence tue aussi   Sida au maghreb: le silence tue aussi Empty

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