Le Maroc se lance dans la course aux armements

La France prouve une nouvelle fois sa préférence marocaine en consentant à vendre à Rabat sa dernière génération d’avions de combat.

Le royaume chérifien, a révélé hier le quotidien économique français La Tribune, pourrait être le premier client export de Dassault Aviation du Rafale. Rabat envisagerait, selon ce journal, l’acquisition de 12 à 18 Rafale. L’Arabie Saoudite serait prête à soutenir financièrement l’opération. Elle négocierait même la transaction. Riyad a, rappelle-t-on, préféré récemment au Rafale l’Eurofighter (chasseur de conception britannique), construit par EADS, BAE Systems et Finmeccanica. Attitude qui a déçue Paris. Aussi, La Tribune explique que l’engagement de l’Arabie Saoudite d’aider le Maroc à étoffer ses forces aériennes est fait pour atténuer la déception du gouvernement français qui a eu à déployer des trésors de diplomatie pour lui vendre ses Rafale. « Les Saoudiens ont visiblement sous-évalué l’énorme déception des Français à la suite de leur décision d’opter pour l’Eurofighter. L’échec du Rafale a en effet été très durement ressenti à Paris. Du coup, les missions diplomatiques françaises au palais du roi Abdallah ont fini par ébranler les esprits saoudiens qui n’avaient pas pris la mesure des enjeux du Rafale pour la France », indique La Tribune qui cite des « sources industrielles concordantes ». Dassault Aviation a nié le même jour l’existence d’une telle opération avec le Maroc. Le groupe a soutenu à l’AFP que les informations rapportées par la presse française étaient « sans fondement », mais beaucoup de sites internet spécialisés dans les questions de défense se sont relayés durant la journée d’hier pour donner des détails du marché passé avec le gouvernement marocain. La Tribune révèle qu’une commande du Maroc, déjà client du Mirage de Dassault, serait certes modeste, mais aurait le mérite de lancer enfin le Rafale à l’export après ses échecs successifs aux Pays-Bas, en Corée du Sud et à Singapour. Le journal évoque aussi des négociations en cours avec la Grèce et la Libye. Dassault Aviation estime que son Rafale, fortement concurrencé par l’Eurofighter, aura une chance à l’export une fois mis en service, le 27 juin, le premier escadron de l’armée de l’air française. A signaler que le sentiment de culpabilité ressenti par Riyad à l’égard du gouvernement français fait le bonheur du Maroc, actuellement confronté à une crise économique exacerbée par l’effort de guerre consenti pour la colonisation du Sahara-Occidental. Le ministre marocain des Finances, Fathallah Oualalou, a ainsi révélé hier devant le Parlement que la facture pétrolière « plombe sérieusement le budget de l’Etat ». M. Oualalou a estimé que le déficit de la caisse de compensation dépasserait les 7 milliards de dirhams à la fin de l’année. Selon M. Oualalou, le déficit de la caisse de compensation a atteint 3,1 milliards de dirhams (1 euro = 11,7 dirhams) à fin mai 2006. « Si nous n’augmentons pas les prix (des produits pétroliers), ce déficit atteindrait à la fin de l’année 7,5 milliards de dirhams », a-t-il précisé durant la séance plénière du parlement marocain.

Zine Cherfaoui

source: http://www.elwatan.com