Le procureur libyen requiert la peine de mort contre les infirmières bulgares
Au cours du procès en appel, à Tripoli, des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien accusés d'avoir inoculé le virus du sida à des enfants libyens, le procureur a réclamé la peine de mort, mardi 29 août.
"Les preuves ayant été établies et après les aveux des accusés et les déclarations des témoins, je requiers la peine extrême, qui est la peine de mort", a déclaré le procureur dans son réquisitoire.
L'audience présidée par le juge Mahmoud Al-Howeissa a été marquée par le témoignage d'une jeune Libyenne contaminée, qui a affirmé que l'une des infirmières lui avait "administré une injection de force", sans indiquer la nature de l'injection. Le père de la jeune fille, l'avocat Abdallah Maghrebi, très ému, a pour sa part déclaré que les enfants contaminés avaient été "privés de la vie, privés de l'avenir, privés de se marier".
"AVEUX SOUS LA TORTURE"
Les infirmières bulgares et le médecin palestinien sont poursuivis pour avoir inoculé le virus du sida à 426 enfants libyens, dont 51 sont décédés, à l'hôpital de Benghazi (nord-est de la Libye). Incarcérés depuis 1999, ils avaient été condamnés à mort en première instance le 6 mai 2004. La Cour suprême libyenne avait ordonné, le 25 décembre 2005, un procès en appel, qui s'est ouvert le 11 mai.
Lors des audiences précédentes, le tribunal avait entendu trois témoins à charge, mais aucun des dix témoins cités par la défense, lesquels ne s'étaient pas présentés au tribunal.
Les accusés clament leur innocence, affirmant que la police leur a extorqué des "aveux sous la torture". Mais le tribunal a rejeté une demande de la défense d'ouvrir une enquête sur ces allégations.
De même, en dépit des assurances de la justice libyenne, plusieurs avocats des infirmières n'ont pas reçu l'autorisation de plaider au procès en appel.
S'appuyant sur des déclarations d'experts internationaux, dont le codécouvreur du virus du sida, le professeur français Luc Montagnier, la défense soutient que l'épidémie était due aux mauvaises conditions d'hygiène.
Fin décembre, la Bulgarie, en partenariat avec l'Union européenne, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, a constitué un fonds pour aider la Libye à combattre le sida, assurer la mise aux normes de l'hôpital de Benghazi et dédommager les victimes ou leurs familles. Les familles réclament 10 millions de dollars par enfant atteint, mais Sofia, plaidant l'innocence des infirmières, a rejeté ces demandes.
Les Etats-Unis ont réitéré, mardi, leur appel à la libération des six accusés. "Notre opinion n'a pas changé. Nous souhaitons que ces personnes rentrent chez elles, dans leur famille et dans leur pays" a déclaré un porte-parole du département d'Etat. Le procès a été reporté au 5 septembre pour la poursuite des plaidoiries des avocats des victimes. - (AFP.)
Le Monde.fr