DERNIERE MINUTELe président algérien Bouteflika revient en France pour des examens médicaux PARIS (AFP) - Le président algérien Abdelaziz Bouteflika est revenu pour des examens médicaux à Paris, où il avait été opéré et hospitalisé trois semaines l'année dernière, un séjour qui survient dans une nouvelle période de tension diplomatique entre la France et l'Algérie.
Les autorités algériennes et françaises se sont voulues rassurantes, en soulignant, à l'unisson, que M. Bouteflika séjournait à Paris pour un contrôle de suivi qui était "prévu de longue date".
M. Bouteflika, 69 ans, avait dû être été hospitalisé en urgence en France fin novembre.
Il avait alors été opéré à l'hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce, officiellement pour un "ulcère hémorragique au niveau de l'estomac".
Après cette hospitalisation, du 26 novembre au 17 décembre, M. Bouteflika avait passé deux semaines de convalescence dans un palace parisien, l'hôtel Meurice, avant de regagner Alger.
Cette fois, il s'agit d'une "visite de suivi médical prévue de longue date", a indiqué le ministère français des Affaires étrangères.
A Alger, le ministre d'Etat Abdelaziz Belkhadem a indiqué que M. Bouteflika devait subir un "contrôle post-opératoire" qui se déroulera "très certainement" au Val-de-Grâce, un établissement dépendant du ministère de la Défense accueillant périodiquement des responsables étrangers et français.
Le président Jacques Chirac y avait été hospitalisé l'année dernière après un léger accident cérébral.
"C'est un contrôle périodique qui est tout à fait normal après une intervention chirurgicale. Il n'y a rien de grave", a affirmé M. Belkhadem, représentant personnel du président Bouteflika.
"Il y aura probablement un communiqué médical" qui devrait donner plus de précisions à ce sujet, a-t-il dit.
Il s'agirait en fait de la troisième consultation de M. Bouteflika depuis son hospitalisation l'année dernière, selon des sources concordantes.
L'année dernière, la durée de l'hospitalisation de M. Bouteflika et le laconisme manifesté par les autorités algériennes avaient nourri les spéculations sur l'état de santé réel du chef de l'Etat.
Des spécialistes français, au vu des quelques informations médicales rendues publiques, et des médias avaient évoqué l'hypothèse que M. Bouteflika souffrait en fait d'un cancer de l'estomac. Les autorités algériennes avaient écarté toutes ces "spéculations".
Le directeur du Nouvel Observateur, Jean Daniel, grand spécialiste du Maghreb, qui indique avoir vu à plusieurs reprises le chef de l'Etat algérien, a écrit dans son dernier éditorial que M. Bouteflika était "rescapé d'une redoutable maladie" et était un "convalescent flamboyant".
Le séjour en France de M. Bouteflika intervient dans une nouvelle période de turbulences diplomatiques entre la France et son ancienne colonie.
M. Bouteflika, dont l'activité a été aménagée depuis son retour en Algérie, a dénoncé, lundi, un "génocide de l'identité" algérienne par la France durant la colonisation (1830 à 1962).
Il s'exprimait quelques jours après une visite infructueuse à Alger du ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy, marquée notamment par l'impasse persistante dans le dossier de la signature d'un traité d'amitié entre les deux pays. Paris, manifestement embarrassé, avait réagi avec retenue à cette nouvelle charge de M. Bouteflika.
"Je trouve scandaleux que M. Bouteflika se permette de dire cela publiquement et le lendemain d'être chez nous pour se faire soigner", a déclaré de son coté le chef de l'extrême-droite, Jean-Marie Le Pen, qui a été le premier à révéler jeudi que M. Bouteflika était en France.
Elu en 1999, puis réélu en 2004, M. Bouteflika est considéré comme le principal artisan de la politique de "réconciliation nationale" menée après plus d'une décennie de violences, impliquant des islamistes armés, et qui ont fait 150.000 morts, selon un bilan officiel.