Chapitre 1Du néolithique au XIXe siècle, histoire et société du Sahara occidental
Du contrôle de l'espace au territoire" Les RGAYBAT " ------------------------------------------------------------------------------------------------------De
Sophie CARATINITout d'abord on doit s'interroger sur la genèse de ce territoire situé sur une aire géographique qui échappe au contrôle de tout Etat central. Les conditions d'existence d'un espace territorial impliquent l'organisation d'un pouvoir, d'une force sociale suffisante pour assurer le contrôle effectif de cette portion d'espace. Sans contrôle de l'espace, on ne peut parler de territoire. Le seul fait qu'un groupe humain habite une région et l'exploite n'est pas en soit déterminant,
Or, dans le cas du Sahara occidental, qui est, a-t-on dit, un milieu pastoral saturé, l'accès aux ressources ne saurait être libre et indifférencié entre les pasteurs. Les rapports de forces jouent en permanence. Le contrôle de l'espace est donc une des premières conditions de la vie sociale. Car qui dit contrôle dit sécurité, partant, possibilité pour la production de se développer et pour les groupes sociaux de satisfaire leurs besoins élémentaires, donc d'exister.
Ceux qui n'ont pas les moyens politiques et militaires de contrôler leur espace pastoral sont dominés par d'autres et sont contraints soit de se soumettre (remettre une partie de leur production aux groupes dominants, renoncer à la priorité d'accès aux ressources pastorales, ce qui peut mettre la survie des familles en danger les mauvaises années) soit de s'exiler.
Cette situation oblige donc les individus à former des groupes politiques dont le premier objectif est la constitution et le maintien d'un territoire pastoral. Mais ces groupes sont forcément limités car, au-delà d'un certain nombre d'individus, et compte tenu de l'absence d'organisation étatique, les liens politiques cessent d'être opérationnels si le réseau est trop vaste.
Les groupes tendent donc toujours à s'élargir, pour se renforcer et, en même temps, ils se défont d'eux-mêmes, en tant que réseaux politiques, dès qu'ils dépassent un certain seuil.
On ne saurait définir avec précision le seuil au-delà duquel le groupe n'est plus viable en tant qu'unité politique. Il varie selon les lieux et les époques.